Ach, le choli bedi chat!
Gudrun est de retour, héroïque survivante d'un attentat au rouge à lèvre périmé qu'une de ses accointances avait fomenté contre elle. Elle ne doit la survie qu'à Isolde, son chat dévoué, qui exprimant avec force de miaulement un Nième caprice, a détourné la fermière des bâtonnets fatals (fataux?), en conséquence de quoi Gudrun a décidé de vous présenter la bête.
Isolde, chat de pure race bavaroise, a été trouvée il y a de cela 10ans dans la poubelle d'un restaurant, repue de restes de lard. Gudrun, généreuse, a pris la bête obèse en pitié et décidé de l'adopter, dans le but de lui faire subir un régime drastique. La bête a depuis lors maigri et a élu domicile dans la laiterie.
Les débuts idylliques de l'histoire n'ont cependant pas tenu leurs promesses. L'animal est depuis devenu capricieux et exprime des exigences démesurées: dormir sur le meilleur fauteuil, manger à table les repas préparés avec amour, sortir par la porte d'entrée tout juste verrouillée puis entrer par la porte fenêtre du balcon... Gudrun a beau lui répéter que non loin de là, à la ville, de pauvres petits matous meurent de faim en fouillant des poubelles où des bobos végétariens ont laissé moisir des restes de tofu (l'avantage des chats, c'est qu'il n'est point nécessaire de parler d'Afrique pour dépeindre des petits faméliques à la recherche d'une maigre pitance), rien n'y fait, la bête refuse d'avaler la moindre croquette, leur préférant des mets plus délicats.
Certes, l'animale est chou (que le lectorat adepte de la rudesse campagnarde se rassure, le concept de "chou" est un terme purement citadin. La campagne bavaroise ne connaît de chou que celui qui sert à l'élaboration de la choucroute): elle se roule en boule sur la graisse de Gudrun et, graisse contre graisse, toutes deux sommeillent paisiblement. Plus exactement, elles s'assoupissent de concert jusqu'à ce qu'Isolde manifeste son contentement pas un ronflement guttural (oui, les chats ronflent aussi). Gudrun, réveillée en sursaut, n'ose plus bouger, de peur de courroucer l'animal qui, le cas échéant, la fera tenir tranquille en usant de ses griffes. Puis, 9h ayant sonné au coucou, Isolde intimera fermement à Gudrun l'ordre d'aller se coucher. Cette dernière pesant plus de 30 fois le poids de son animal favori et étant sensiblement plus volumineuse, comment expliquez vous qu'Isolde puisse, une fois au lit, prendre toute la place, jetant Gudrun au bas du lit ou l'immobilisant sous sa despotique masse ronronnante?
Pourtant, malgré les apparence, Gudrun aime Isolde, et réciproquement. Pour preuve, Isolde suit Gudrun aux champs, accourt au triple galops si on l'appelle, et ronronne, ronronne, ronronne, quand on lui gratte la tête avec les ongles... Gudrun, elle, malgré l'impression tenace d'avoir adopté la réincarnation féline de Pinochet, continue de la nourrir avec amour et de céder à (presque) tous ses caprices.
PS: Gudrun et Isolde s'unissent pour hurler de concert un joyeux anniversaire à Chouchoubidou!